Ma ville se délite. Elle se développe, prolifère, de plus en plus vite, mais tout ce qu'elle génère finit par moisir, se désagréger, se détraquer. Alors on jette, on détruit, on rase pour vite faire du neuf, qui se désagrégera encore plus vite. Mais c'est en fait l'ensemble du système qui moisit, et part en lambeaux, non ? De plus en plus de déchets, de plus en plus de dérapages, de plus en plus de nouveaux produits qui se multiplient comme des cellules dégénérées, cancéreuses, et qui vont pourrir, imploser incessamment sous peu, nous promettant un beau désordre final. Partout dans la ville on peut traquer du regard ces traces de déréliction, ces déchets - des murs qui pèlent, des tâches d'essence, des pavés brisés, des moisissures, autant de motifs organiques, de textures chaotiques et pleines d'une vie à la fois morbide, crépusculaire, et pleine d'espoir, annonciatrice d'un désordre prochain et d'une renaissance possible. Comme dans les nuages qui passent la haut en s'effilochant, ton œil verra sans doutes dans ces marques de déréliction émerger des silhouettes mystérieuses, des visages grimaçant, des têtes d'animaux étranges... Ce sont les génies du désordre et de la poésie, qui attendent dans l'ombre, que leur heure vienne...
Peut-être ? C'est une façon de voir les choses... Ça vous parle ?
Faisons-les sortir des limbes, accentuons leurs traits, qu'il ne puissent pas échapper au regard des passants, même les plus inattentifs, à coup de pastel, de craie, tâches de graisse, que sais-je...
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